à partager : une tuerie (aussi Bon que le caramel au beurre salé)

Publié le par Juliette Mézenc

difficile de reprendre après totale déconnexion de trois semaines... le plus simple : partager un peu la révélation du mois d'août : je n'aime pas les biographies, je n'aime pas (plus exact : je ne connais que très peu) les Rolling Stones mais je suis une fan absolue de la Biographie des Rolling stones ! Dévorée en quelques jours les quelques 1200 pages, j'ai même gardé le volant tout au long des 10 heures de route Bretagne-Sète pour que Stéphane puisse me faire la lecture (je suis malade lorsque je lis en voiture et ça me rend malade de le re-constater à chaque nouvel essai). L'écriture et le regard (regards qui se relaient, celui du gosse de 13 ans, subjugué, celui du guitariste, plus technique, celui de l'écrivain qui met le doigt sur les apports décisifs de keith richards, et bien d'autres) de François Bon y sont pour quelque chose, jugez plutôt...

 

 

 

"L'explosion : Jumpin'Jack Cash

 

Du rock, comme jamais : ils deviennent le rock. Mais les morts scellent à jamais leur histoire.

Par l'eau, Brian Johns à Cotchford Farm en juin 1969, par le fer Meredith Hunter à Altamont en décembre 1969, par le feu, du moins parce que ses amis volent le cadavre dans l'entrepôt de transit d'un aéroport et vont le brûler dans le désert, Gram Parsons en 1973. Et dans ce parcours et ces bornes, ce que les Rolling Stones feront de meilleur. Mais d'abord mars 1968, et cette chanson Jumpin'Jack Flash.

Parce qu'il s'agit de se retrouver, à nouveau de s'atteler tous ensemble, les trois premières nuits qu'ils se sont réservées aux studios Olympic, ils se sont obstinés à une seule poignée resserrée de thèmes marqués par ce retour au blues sec, basique, et d'où commence d'émerger lentement Street Fighting Man. Les vieux démons les mangent : Brian est là, ou pas. Et Keith et Mick arrivent quand leur vie extérieure compliquée les abandonne : pour Richards, c'est selon le baromètre de ce qu'il consomme, d'un cachet pris, et de la bonne volonté d'Anita. Alors, ce troisième soir, Watts et Wyman sont à nouveau les premiers au studio, une fois de plus sans savoir combien de temps ils attendront. Wyman, comme souvent, s'assoit à l'orgue Hammond, et se remet dans l'ambiance de ce qu'on avait laissé la veille : séquence répétitive mais nerveuse d'une progression de blues, qu'on dépouille à l'os.

C'est agréable, à l'orgue, de jouer en la, à cause des trois dièses qui font que les touches noires tombent toutes seules sous la main : Wyman a des petits doigts, mais dans cette tonalité (encore, en accord blues, reste-t-on dans la gamme de ré altérée, deux dièses) on peut frapper le clavier presque la main ouverte.

Watts s'installe à la batterie et suit la pulsation, puis la mène : Wyman instinctivement s'appuie sur le jeu de Watts et garde juste de son thème la suspension initiale. Les autres ne sont toujours pas dans le studio, à cela ils sont habitués, mais il y a une boucle, une idée qui marche, ils continuent et s'en amusent. Charlie et Bill, qui ont fait du bal et joué avec trente-six musiciens, pourraient soutenir deux heure durant ce genre d'obsession sonore. "Hey, what's that ? Sounds good : Hey, c'est quoi ce truc ? ça sonne..." Tom Keylock a débarqué Richards de sa Bentley, il a poussé la porte capitonnée et c'est son seul salut aux autres. Il branche sa Les Paul noire dans l'ampli, elle est déjà accordée en sol ouvert et il n'a qu'à régler sur la seconde case son capodastre (de marque Johnson, à élastique sous le manche, et un cylindre de caoutchouc sur tige de métal dessus, et bien sûr on avait tous le même) pour être à l'unisson du bassiste.

Peut-être même que Keith en oublie d'allumer la cigarette qu'il garde ensuite à pendre au coin droit de ses lèvres comme si c'était indissociable de la posture pour marquer qu'on répète ou qu'on cherche. Il se greffe sur leur rythme : As soon as I pick up my guitar and play that Jumpin' Jack' Flash's riff, something happens here - in your stomach. You just jump on the riff and it plays you. And explosion would be the best way to describe it... Maybe that's what this entire generation felt. An explosion. A rebellion about boredom, and conformity. That's why it broke out amongs white kids like me. Suddenly something happened : its first impact was an invasion. Like the Barbarians at the gates of Rome".

 

 

 

 

Publié dans lectures

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D
<br /> <br /> Je n'ai jamais été grand fan des Rolling Stones mais cet extrait donne envie de lire leurs aventures, musicales et autres.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> n'hésitez pas dominique, sûr, vous ne le regretterez pas, à bientôt !<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> ça c'est ce qu'on appelle de bonnes vacances!<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> oui ! des nouvelles fraîches sont en route...<br /> <br /> <br /> <br />